Le Vérisme

Définition

Mouvement dérivé du naturalisme français, qui s’est développé en Italie vers la fin du XIXe siècle, caractérisé par la volonté de décrire la réalité concrète, notamment celle de l’existence provinciale et villageoise et dont les représentants les plus célèbres sont les romanciers Federico De Roberto (« les Vice-Rois »), G. Verga (« Les Malavoglia », « Maître Don Gesualdo », « Rosso Malpelo ») et L. Capuana (« Le Marquis de Roccaverdina »).

Les héros véristes

Les héros des romans véristes sont des pêcheurs et des paysans qui essaient d’améliore leurs conditions économiques mais qui sont destiné à l’échec.

 

Analogies

Les naturalistes et les véristes utilisent les techniques narratives de la focalisation interne et le discours indirect libre pour atteindre l’impersonnalité et l’objectivité.

 

Différences

L’objectivité : il faut tout d’abord faire une spécification. L’objectivité de Verga est un peu différent par rapport à celle de Zola.

Comme Zola, Verga utilise le discours indirect libre mais de façon plu régulière et lié organiquement à la narration. Il y a, chez Verga, un narrateur anonyme qui veut s’éclipser derrière le personnage et représenter la mentalité populaire avec ses préjugés et se méchancetés. Par exemple, dans « Rosso Malpelo », Zola utilise la technique du straniamento, c’est-à-dire une technique selon laquelle la position du narrateur coïncide avec la violence du milieu des mines, la perspective des gens qui y travaillent; dans la nouvelle La Roba, il utilise la technique du straniamento rovesciato qui fait coïncider le point de vue du narrateur avec celui du personnage, Mazzarò, égoïste et avare, dont les comportements et les moyens utilisés pour s’enrichir ne sont pas critiqués du narrateur mais présentés comme s’ils étaient tout à fait normaux.

Par contre l’objectivité de Zola est celle de l’homme de science qui fait son travail scientifique, observe la réalité, s’éloigne d’elle, la décrit de l’extérieur pour en faire l’objet d’une étude, d’une analyse qui se veut scientifique et qui vise à dévoiler le déterminisme héréditaire et social et à exprimer un jugement négatif sur la société. Toutefois Zola aussi utilise le discours indirect libre surtout dans le roman L’Assommoir.

 La langue. Verga est partisan de l’Unité italienne et il n’utilise jamais le dialecte dans sa représentation des classes pauvres, car cela limiterait son roman à une diffusion régionale; il préfère un italien parlé comme le parlent les siciliens pourvus d’une certaine culture; il choisit quand même des solutions linguistiques et stylistiques aptes à exprimer le point de vue populaire, comme les proverbes. Chez Zola, le langage révèle une distanciation nette entre le narrateur et les personnages (sauf L’Assommoir) parce que l’écrivain utilise le langage cultivé et littéraire qui n’est celui des basses classes sociales, mais qui, au contraire, révèle la sensibilité de l’artiste bourgeois.

L’engagement politique et progressiste

L’engagement politique et progressiste de Zola est sans suite chez Verga parce que Verga est un propriétaire terrien du Sud, lié à une position conservatrice ou réactionnaire et il ne vit pas la réalité citadine, industrielle et ouvrière de Zola qui est sur des positions socialistes. Zola est convaincu que son rôle d’écrivain est précisément de contribuer à une amélioration du monde qui peut changer grâce à ses dénonciations. L’attitude de Verga, au contraire, est celle du pessimiste qui ne croit pas que la réalité soit modifiable: la seule chose qu’il puisse faire est de l’examiner et la présenter objectivement.

Les Malavoglia

L’action se déroule dans un arc de temps allant de 1863 à 1876 et narre l’histoire de la famille Toscano, appelée Malavoglia. Elle est considérée comme ayant une bonne situation en tant que propriétaire de sa maison et d’un petit bateau. Toutefois, après le départ du jeune ‘Ntoni, fils de Bastianazzo, padron ‘Ntoni, le chef de famille, décide d’acquérir à crédit une carriole de lupins et de les vendre dans un port voisin pour remédier à la perte économique du départ de son petit-fils. Mais la barque transportant les lupins fait naufrage avec Bastianazzo, qui meurt noyé. Pour payer ses dettes, padron ‘Ntoni décide de vendre la maison, symbole de l’unité de la famille : c’est le début de la ruine des Malavoglia. Luca, un des enfants de Bastianazzo, est appelé à la guerre et meurt à la bataille de Lissa ; le jeune ‘Ntoni devient contrebandier pour aider ses proches mais finit en prison ; la fille la plus jeune, Lia, voulant chercher fortune ailleurs, se prostitue dans la ville voisine et Mena, sa sœur, est déshonorée quand son fiancé décide de ne plus l’épouser. La mère, Maruzza, meurt du choléra et le vieux padron ‘Ntoni également, de vieillesse et accablé par le malheur, seul dans un hôpital. Il n’y a qu’Alessi, le dernier des enfants, qui réussit à résister et finit même par racheter la maison. Quand le jeune ‘Ntoni sort de prison et retrouve sa demeure, il n’a pas la force de rester, conscient désormais de son aliénation face au monde.

Maître Don Gesualdo

Gesualdo Motta est un maçon qui a réussi à devenir riche par la force de son travail. Cela le conduit « naturellement » à accepter la logique économique qui l’amène à l’intérieur d’une nouvelle classe sociale : pour ce faire, il abandonne sa femme humble qui l’aimait et qui lui avait donné des enfants pour épouser Bianca Trao, une jeune femme noble mais pauvre et qui s’est déshonorée avec son cousin, de qui elle a une fille, Isabella, et qui le méprise pour ses origines. Si les rapports entre Gesualdo et sa femme sont conflictuels, il éprouve un grand amour pour sa belle-fille. Cependant, quand il la pousse à épouser un vieux noble désargenté, il n’obtient plus d’Isabella que du mépris, d’autant plus que l’homme dissipe en peu de temps tout le patrimoine accumulé avec difficulté par Gesualdo au cours de sa vie. Ce dernier se retrouve alors seul, privé d’affection, accepté seulement pour sa richesse mais rejeté en réalité à cause de sa basse extraction sociale. Il meurt seul dans le palais de sa fille, moqué même par les serviteurs qui s’irritent de la vision de ses origines humbles sur ses mains. Gesualdo disparait en tant que « Mastro-don » : don car riche et puissant, mais toujours mastro, appellation que donnaient les Siciliens à ceux qui se consacraient aux travaux manuels, le signe pour Gesualdo de son irrévocable appartenance au monde d’en bas.